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la vue & de la présence du Peuple. Ensuite il fit ce qui s’est toujours pratiqué dans les nouveaux établissements, savoir, des prodiges, des miracles dont les simples étoient éblouis, quelques-uns étourdis, qui faisoient pitié à ceux qui étoient pénétrants & qui lisoient au travers de ces impostures.

Quelque rusé que fût Moyse, il eût eu bien de la peine à se faire obéir, s’il n’avoit eu la force en main. La fourberie sans les armes réussit rarement.

Malgré le grand nombre de dupes qui se soumettoient aveuglément aux volontés de cet habile législateur, il se trouva des personnes assez hardies pour lui reprocher sa mauvaise foi, en lui disant que, sous de fausses apparences de justice & d’égalité, il s’étoit emparé de tout  ; que l’autorité souveraine étant attachée à sa famille, nul n’avoit plus droit d’y prétendre, & qu’il étoit enfin moins le Père que le tyran du Peuple. Mais dans ces occasions Moyse en profond politique perdoit ces Esprits forts & n’épargnoit aucun de ceux qui blâmoient son gouvernement.

C’est avec de pareilles précautions & en colorant toujours de la vengeance divine ses supplices, qu’il régna en Despo-