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pays en considération des services qu’il avait reçus de l’un d’eux dans le temps d’une grande famine : il leur donna quelques terres à l’Orient de l’Égypte, dans une contrée fertile en pâturages & par conséquent propre à nourrir leurs troupeaux ; pendant près de deux cents ans ils se multiplièrent considérablement, soit parce qu’y étant considérés comme étrangers, on ne les obligeât point de servi dans les armées, soit à cause des privilèges qu’Osiris leur avait accordés, plusieurs naturels du pays se joignirent à eux, soit enfin que quelques bandes d’Arabes fussent venues se joindre à eux en qualité de leurs frères, car ils étoient d’une même race. Quoi qu’il en soit, ils multiplièrent si étonnamment que ne pouvant plus tenir dans la contrée de Gossen, ils se répandirent dans toute l’Égypte, & donnèrent à Pharaon une juste raison de craindre qu’ils ne fussent capables de quelques entreprises dangereuses au cas que l’Égypte fut attaquée, (comme cela arrivoit alors assez souvent) par les Éthiopiens, ses ennemis assidus. Ainsi, une raison d’État obligea ce Prince à leur ôter leurs privilèges, & à chercher les moyens de les affoiblir & de les asservir.