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à bien plus de formes que le Jupiter des Payens. Ce qu’il y a de plus étrange, c’est que plus ces notions se contredisent & choquent le bon sens, plus le vulgaire les révère, parce qu’il croit opiniâtrement ce que les Prophètes en ont dit, quoique ces visionnaires ne fussent parmi les Hébreux que ce qu’étaient les augures & les devins chez les Payens. On consulte la Bible, comme si Dieu & la nature s’y expliquaient d’une façon particulière  ; quoique ce livre ne soit qu’un tissu de fragments cousus ensemble en divers temps, ramassés par diverses personnes & publiés de l’aveu des Rabbins, qui ont décidé, suivant leur fantaisie, de ce qui devait être approuvé ou rejeté, selon qu’ils l’ont trouvé conforme ou opposé à la Loi de Moyse[1]. Telle est la malice & la stupidité des hommes. Ils passent leur vie à chicaner & persistent à respecter un livre où il n’y a guère plus d’ordre que dans l’Alco-

  1. Le Talmud porte que les Rabbins délibèrent s’ils ôteraient le Livre des Proverbes & celui de l’Ecclésiaste du nombre des Canoniques ; ils les laissèrent parce qu’il y est parlé avec éloges de Moyse et de sa Loi. Les Prophéties d’Ezéchiel auraient été retranchés du Catalogue Sacré, si un certain chanoine n’avait entrepris de les concilier avec la même Loi.