Page:Holbach - Traité des trois imposteurs, ed. de Londres, 1777.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la mélodie, tandis que d’autres ont cru que les mouvements célestes étaient un concert harmonieux : ce qui marque bien que chacun se persuade que les choses sont telles qu’il se les figure, ou que le monde est purement imaginaire. Il n’est dont point étonnant qu’il se trouve à peine deux hommes d’une même opinion & qu’il y en ait même qui se fassent gloire de douter de tout : car, quoique les hommes aient un même corps, & qu’ils se ressemblent tous à beaucoup d’égards, il diffèrent néanmoins à beaucoup d’autres  ; de là vient que ce qui semble bon à l’un devient mauvais pour l’autre, que ce qui plaît à celui-ci déplaît à celui-là. D’où il est aisé de conclure que les sentiments ne diffèrent qu’en raison de l’organisation & de la diversité des coexistances, que le raisonnement y a peu de part, & qu’enfin les notions des choses du monde ne sont qu’un pur effet de la seule imagination.

§. 9.

Il est donc évident que toutes les raisons dont le commun des hommes a coutume de se servir, lorsqu’il se mêle d’expliquer la nature, ne sont que des façons d’imaginer qui ne peuvent rien moins que ce qu’il prétend  ; l’on donne à ces idées