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Quoi qu’il en ſoit, le chriſtianiſme, dans ſa naiſſance, fut forcé de ſe borner aux gens du peuple ; il ne fut embraſſé que par les hommes les plus abjects d’entre les juifs & les payens : c’eſt ſur des hommes de cette eſpéce que le merveilleux a le plus de droit[1]. Un dieu infortuné, victime innocente de la méchanceté, ennemi des riches & des grands, dut être un objet con-

    la loi de Moïſe, que les autres Apôtres ne vouloient que réformer.

  1. Les premiers Chrétiens furent appellés, par mépris, Ebionites; ce qui f‍ignif‍ie des mendians, des gueux. Voyez Orig. contra Celſum, l. II. Et Euſeb. hiſt. eccleſ. l. III.ch. 37. Ebion, en Hébreu, ſignifie pauvre. On a voulu depuis perſonnifier le mot Ebion, & l’on en a fait un hérétique, un chef dee ſecte. Quoi qu’il en ſoit, la religion chrétienne dut ſurtout plaire aux efclaves, qui étoient exclus des choſes ſacrées, & que l’on regardoit peine comme des hommes ; elle leur perfuada qu’ils auroienr leur tour un jour, & que dans l’autre vie ils ſeroient plus heureux que leurs maîtres.