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Si les mœurs des peuples n’eurent rien à gagner avec la religion chrétienne, le pouvoir des Rois, dont elle prétend être l’appui, n’en retira pas de plus grands avantages ; il s’établit dans chaque état deux pouvoirs diſtingués ; celui de la religion, fondé ſur Dieu lui-même, l’emporta preſque toujours ſur celui du Souverain ; celui-ci fut forcé de devenir le ſerviteur des prêtres, & toutes les fois qu’il refuſa de fléchir le genou devant eux, il fut proſcrit, dépouillé de ſes droits, exterminé par des ſujets que la religion excitoit à la révolte, ou par des fanatiques, aux mains deſquels elle remettoit ſon couteau. Avant le chriſtianiſme, le Souverain de l’Etat fut communément le Souverain du prêtre ; depuis que le monde eſt chrétien, le Souverain n’eſt plus que le premier eſclave du ſacerdoce, que l’exécuteur de ſes vengeances & de ſes décrets.

Concluons donc que la religion