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PREFACE.

deſirs ; elle ne les change qu’au lit de la mort : alors leur changement eſt inutile au monde, & le pardon du ciel, que l’on promet au repentir infructueux des mourans, encourage les vivans à perſiſter dans le déſordre juſqu’au dernier inſtant.

En vain la religion prêcheroit-elle la vertu, lorſque cette vertu devient contraire aux intérêts des hommes, ou ne les mene à rien. On ne peut donner des mœurs à une nation dont le Souverain eſt lui-même ſans mœurs & ſans vertu ; où les Grands regardent cette vertu, comme une foibleſſe ; où les prêtres la dégradent par leur conduite ; où l’homme du peuple, malgré les belles harangues de ſes prédicateurs, ſent bien que, pour ſe tirer de la miſere, il faut ſe prêter aux vices de ceux qui ſont plus puiſſans que lui. Dans des ſociétés ainſi conſtituées, la morale ne peut être qu’une ſpéculation ſtérile, propre à exercer l’eſprit, ſans influer ſur la conduite de