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PREFACE.

ment, & avec les idées qu’ils ſe font du bonheur. Le libertin s’en mocque, lorſqu’elle condamne ſes débauches ; l’ambitieux la mépriſe, lorſqu’elle met des bornes à ſes vœux ; l’avare ne l’écoute point, lorſqu’elle lui dit de répandre des bienfaits ; le courtiſan rit de ſa ſimplicité, quand elle lui ordonne d’être franc & ſincere. D’un autre côté, le Souverain eſt docile à ſes leçons, lorſqu’elle lui dit qu’il eſt l’image de la Divinité ; qu’il doit être abſolu comme elle ; qu’il eſt le maître de la vie & des biens de ſes ſujets ; qu’il doit les exterminer, quand ils ne penſent point comme lui. Le bilieux écoute avidement les préceptes de ſon prêtre, quand il lui ordonne de haïr ; le vindicatif lui obéit, quand il lui permet de ſe venger lui-même, ſous prétexte de venger ſon Dieu. En un mot, la religion ne change rien aux paſſions des hommes, ils ne l’écoutent, que lorſqu’elle parle à l’uniſſon de leurs