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lettres commerciales ; ce n’est que par hasard que d’aussi étranges fantaisies me passent par l’esprit. — Eh, non, ami ! répliqua en souriant l’étranger, ce ne sont peut-être pas des fantaisies aussi étranges ! car je parierais que toute votre correspondance ne vaut pas ces figures esquissées avec tant de grâce et de fermeté. Cela annonce vraiment un génie particulier. » Tout en parlant, l’étranger avait pris dans la main du jeune homme la lettre d’avis si bizarrement transformée en feuillet d’album, et après l’avoir soigneusement pliée, il l’avait mise dans sa poche.

Alors Traugott sentit s’affermir en lui la conviction qu’il avait réellement produit quelque chose de bien supérieur à une lettre marchande : une inspiration nouvelle s’éveilla au fond de son âme ; et quand messire Elias Roos, après avoir terminé sa lettre, lui répéta d’un air de blâme et de mécontentement : « Vos enfantillages auraient pu me faire perdre dix mille marcs ! » Il répliqua alors d’un ton plus élevé et plus net que de coutume : « Que votre honneur veuille bien prendre des airs moins singuliers envers moi, car autrement je renonce à vous expédier jamais aucune lettre d’avis, et toute relation d’intérêt cessera entre nous deux. » Messire Elias ramena de ses deux mains sa perruque dans une position régulière, et murmura en le regardant fixement : « Très-cher associé, mon fils affectionné, que signifient ces paroles altières ?… » — Le vieux Monsieur s’interposa alors entre eux, peu de mots suffirent pour rétablir la bonne harmonie, et ils se dirigèrent tous