C’est un souvenir d’un poète défunt, l’un des plus purs qui jamais aient mérité ce titre. Comme le disait Jean Kreisler : les plus saintes émanations de la poésie remplissaient son âme naïve, et sa vie entière fut un hymne pieux qu’il chantait avec de sublimes accents en l’honneur du Très-Haut et des merveilles sacrées de la nature ; son nom était Novalis !
Il a constamment passé auprès de bien des gens pour un rêveur et un cerveau détraqué.
Oui, plus d’un ennemi le persécuta, parce qu’en poésie, ainsi que dans la vie réelle, il n’avait en vue que l’idéal, le sublime, et surtout parce qu’il méprisait du fond du cœur maint de ses prétendus collègues à double visage, quoique sa belle âme fût incapable d’une haine véritable. Je n’ignore pas non plus qu’on lui reprochait d’être obscur et emphatique, quoiqu’il ne s’agit pour le comprendre que de consentir à sonder avec lui les plus secrètes profondeurs du monde visible, pour en rapporter des trésors comme d’une mine éternellement inépuisable, et la clef des merveilleuses combinaisons qui servent à enchainer tous les phénomènes de la nature ; mais l’énergie et le courage ont manqué à la plupart pour accomplir cette obligation.