lésie, où l’un de nos collégues l’acheta dans une vente à l’encan. Quoiqu’il ne soit pas achevé, nous le fîmes pourtant encadrer au-dessus de cet autel à la place de la méchante toile qui le garnissait. Lorsque Berthold arriva, à la vue de ce tableau, il poussa un grand cri et tomba par terre sans connaissance. Depuis cet accident, il évita avec soin de passer devant cette chapelle, et me fit la confidence que c’était son dernier travail en fait de haute peinture. J’espérais le déterminer peu à peu à finir ce tableau ; mais il repoussa toujours avec aversion, avec horreur, mes sollicitations à cet égard. Il n’y eut pas d’autre moyen pour lui rendre un peu de sérénité et de courage que de faire voiler ce tableau pendant qu’il serait occupé aux travaux de l’église. Car s’il l’entrevoyait de loin dans les premiers jours, il courait vers lui comme entrainé par une force irrésistible, tombait, en sanglotant, dans des attaques de nerfs, et était incapable de travailler de quelque temps.
» Infortuné ! m’écriai-je, pauvre infortuné ! quel démon a donc porté sur ta vie une main si malfaisante ? — Oh ! dit le professeur, la main et le bras qui la porte n’appartiennent qu’à lui-même — Oui, oui ! c’est lui qui a été son propre démon, le Satan qui a allumé dans son cœur l’incendie fatal. Du moins cela me semble clairement démontré par l’histoire de sa vie. »
Je conjurai le professeur de m’instruire sur-le-champ de tout ce qu’il savait concernant l’histoire de Berthold. Mais il me répondit que cela serait beau-