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s’était approché du conseiller. Celui-ci était là pâle comme un spectre, les yeux étincelants, la tête rejetée orgueilleusement en arriére, muet et glacé ; mais quand le jeune homme voulut prendre sa main, il recula de deux pas avec un geste de répulsion, et il s’écria d’une voix terrible : « Traître ! — Viens-tu ici pour m’assassiner ? — Va-t-en ! fuis loin de moi ! oui, tu te fais un jouet de mon cœur, de moi-même ! — Et toi aussi, Rixendorf, tu prêtes les mains à la puérile comédie dont on cherche à me rendre la dupe ! — Va-t-en ! te dis-je ; fuis loin d’ici, loin de mes yeux, toi qui es né pour ma perte, toi le fils du plus infâme scé…

» Arrête ! s’écria soudain Max, dont les yeux lançaient des éclairs de colère et de désespoir, arrête, oncle dénaturé ! frère barbare et impitoyable ! toi qui as accumulé de prétendus griefs contre mon pauvre malheureux père, qui eut à se reprocher peut-être un excès de légèreté, mais qui ne conçut jamais la pensée d’un crime, toi qui as provoqué sur sa tête l’opprobre et le déshonneur ! — Ô malheureux fou que j’étais d’avoir pu croire un seul moment que je parviendrais jamais à émouvoir ce cœur de pierre, et à réparer à tes yeux les torts de mon père en t’entourant d’affection et de dévouement ! — C’est abandonné de tout le monde, sur le grabat de la misère, mais pressé dans les bras d’un fils désolé, que mon père a terminé sa triste existence. — Eh bien ! — « Max ! me dit-il, fais un acte de vertu : réconcilie à ma mémoire un frère implacable… Deviens son fils ! » Telles furent les dernières paroles qu’il pro-