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perser par la garde Wallone ces furieux ameutés, et capitula ensuite avec Suchet à des conditions honorables.

Don Rafael Marchez voulut empêcher qu’Edgar, en danger de mort, fût fait prisonnier de guerre. Lorsque la capitulation fut conclue, et que les Français furent entrés dans Valence, il le fit transporter dans le caveau secret dont nul étranger ne pouvait découvrir l’accès. « Ami de mon cher Baldassare, dit en finissant don Rafael Marchez, soyez aussi le mien ; chaque goutte de votre sang versé pour ma patrie est tombée brûlante dans mon sein et y a effacé tout soupçon d’une méfiance trop souvent justifiée dans ces temps de malheur. — La même ardeur que nourrit dans un cœur espagnol une haine implacable, éclate et brille dans ses amitiés, et le rend capable de tous les dévouements, de tous les sacrifices pour ceux qui en sont l’objet. Des ennemis sont installés dans ma maison, mais vous êtes en sûreté : car, je le jure ! s’il arrivait quelque malheur, je me laisserais plutôt ensevelir sous les ruines de ces murs que de vous trahir : croyez-moi ! »

Durant le jour, un profond silence régnait tout autour de l’obscure retraite du malade ; mais pendant la nuit, Edgar croyait souvent distinguer, comme renvoyé par un écho souterrain, un bruit de pas, de portes ouvertes et fermées, un murmure de voix sourd et confus, et le cliquetis des armes de guerre. La nuit paraissait être le signal d’une agitation souterraine. Edgar questionna à ce sujet le franciscain, qui ne s’absentait que fort rarement, et