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l’eau salée. Le peuple, ainsi que la seigneurie, frappés de terreur par les funestes événemens, au nombre desquels on compta comme d’un sinistre présage la méprise qui fit passer le doge entre les deux colonnes où l’on exécutait les criminels ; le peuple garda un morne silence ; et ce jour, commencé avec allégresse, se termina dans une tristesse profonde.

Personne ne semblait songer au sauveur du doge, et Antonio n’y songeait pas lui-même, tant il était accablé de fatigue et de douleur ; il ne fut que plus étonné lorsqu’un des gardes du duc vint le trouver sur les degrés où il s’était étendu, et l’introduisit à travers tout le palais dans la chambre du doge. Le vieux Faliéri s’avança au devant de lui avec bienveillance, et, lui montrant deux sacs d’argent qui se trouvaient sur une table, il lui dit : — Mon fils, prends ces trois mille