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Au moment où Marino Falieri allait monter sur le Bucentaure, c’était le soir du 3 octobre, à l’heure du coucher du soleil, un pauvre misérable était étendu sur le pavé de marbre, devant le péristyle de la Dogana. Quelques haillons de grosse toile rayée dont la couleur n’était plus reconnaissable, et qui semblaient avoir appartenu à un vêtement de marin, tels que les portaient le bas-peuple et les rameurs, pendaient en lambeaux autour de son corps amaigri, et laissaient voir une peau si blanche et si délicate, que peu de nobles en auraient pu montrer une semblable sous leurs chemises bordées de points de Venise. Sa maigreur ne montrait aussi que mieux la juste proportion de ses membres, et en contemplant ses cheveux d’un châtain clair, qui retombaient en désordre sur un front gracieux, ses yeux bleus que la misère avait creusés, son nez aquilin et