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— Ce n’est pas une petite fortune que la mienne ! s’écria Piétro. Je ne suis rien moins que le gondolier du doge, que j’ai l’honneur de conduire chaque soir avec la dogaresse à la Giudecca où il a une jolie maison. — Camarade, s’écria Antonio, veux-tu gagner encore dix sequins et même davantage ? Laisse-moi prendre ta place.

Piétro chercha en vain à résister ; il se vit forcé de céder aux instances d’Antonio et de le prendre pour son aide. Antonio s’éloigna et revint presque aussitôt en veste de rameur ; au même instant le doge parut.

— Quel est cet étranger ? dit-il d’un air irrité à Piétro. Il se disposait à le chasser, mais le gondolier fit si bien qu’il persuada au vieux doge qu’il ne pouvait ramer sans son aide, et Antonio prit enfin place sur un des bancs de la gondole ducale. Le vieux Falieri, assis