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S’asseyant alors d’un air oppressé, dans un fauteuil, elle dit enfin, après un long silence : — Tonino, mon fils, devine un peu d’où je viens.

Antonio la regarda avec étonnement.

— Tu ne devines pas ? reprit la vieille. Eh bien ! je viens de chez elle, de chez la belle Annunziata !

— Ne m’ôte pas le reste de ma raison ! s’écria Antonio ; n’achève pas de me perdre !

— Hélas ! mon pauvre Tonino, ne sais-tu pas que je songe à toi sans cesse ? Aujourd’hui, tandis que je passais sous les voûtes du palais, j’entendis le peuple parler du malheur qui était arrivé à la belle dogaresse. J’interrogeai ceux qui se trouvaient près de moi, on me répondit qu’un scorpion lui avait piqué le doigt dans le jardin, et que le docteur Basseggio, qui avait été mandé auprès d’elle, parlait de lui couper la main. Au