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reuse, et que ses discours devenaient de plus en plus incohérens. Arrivé sur la place, il s’agita comme un homme ivre, et bientôt il tomba mort devant le palais ducal. Je me jetai sur son corps en poussant de grands cris. Aussitôt le peuple accourut, et on entendit murmurer de toutes parts le terrible nom de peste. À ce mot, la foule se dispersa, et chacun se hâta de prendre la fuite. Pour moi, je me sentis frappé d’un étourdissement subit et ma vue devint faible et confuse. En revenant à moi, je me trouvai dans une vaste salle, étendu sur un mince matelas, enveloppé d’un drap de laine ; autour de moi trente ou quarante figures pâles et étiques étaient étendues sur des couches semblables. J’appris plus tard que des moines compatissans, qui sortaient de San-Marco, m’avaient recueilli dans leur gondole et m’avaient transporté au Giudecca, dans le cloître