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ton art qu’avec nous deux ? Il ne dépend que de toi d’empècher Lauretta de te traiter ainsi à l’avenir. Tu es trop doux, trop faible avec elle ; et surtout, tu mets trop haut son talent. Elle a une voix assez agréable et beaucoup de charme, cela est vrai ; mais ces singulières et interminables fioritures, ces bonds aventureux, ces trilles évaporés, tout ce papilottage qu’elle emploie et qu’on admire, ne ressemble-t il pas aux sauts périlleux d’un danseur de cordes ? Est-ce ainsi qu’on touche notre cœur et qu’on pénètre dans notre âme ? Pour moi, tous ces agrémens dont elle fait tant de cas, je ne puis les souffrir ; ils m’obsèdent et m’oppressent. Et puis ce gravissement subit dans la région des trois traits, n’est-ce pas un abus de la voix humaine qui n’est touchante que lorsqu’elle reste vraie ? Pour moi, je ne prise que les tons moyens et la basse.