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dont la venue devait chasser les esprits de la nuit.

L’image de cette femme charmante était sans cesse devant mes yeux. Elle avait à peine dix-neuf ans. Son visage, aussi délicat que sa taille, portait l’empreinte de la bonté, mais c’était surtout dans le regard de ses yeux noirs que régnait un charme indéfinissable : un rayon humide s’y balançait, comme l’expression d’un douloureux désir. Souvent elle était perdue en elle-même, et de sombres nuages rembrunissaient ses traits. Elle semblait prévoir un avenir sinistre, et sa mélancolie la rendait encore plus belle.

Le lendemain de l’arrivée du baron, la société se rassembla pour déjeuner. Mon oncle me présenta à la baronne, et, dans mon trouble, je me comportai d’une manière si gauche, que les vieilles tantes attribuèrent mon embarras au