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laissai de repos que lorsqu’elle eut promené sa main gauche sur le clavier, comme par manière d’introduction. Je voulus lui céder ma place ; elle s’y refusa absolument, en disant qu’elle n’était pas en état de produire un seul accord. Je restai. Elle commença d’une voix pure et argentine, qui retentissait comme les accens du cœur. C’était une mélodie simple, portant tout-à-fait le caractère de ces chants populaires qui pénètrent si profondément dans l’âme, qu’en les entendant on ne peut méconnaître la haute nature poétique de l’homme. Il se trouve un charme plein de mystère dans les paroles insignifiantes de ces textes, qui sont en quelque sorte l’hiéroglyphe des sentimens qu’on ne peut exprimer. Qui ne pense avec bonheur à ces canzonnettes espagnoles, dont les paroles n’ont guère plus d’art que celle-ci :