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bourg Saint-Antoine. Il était précédé de M. Albert, garde national déguisé en ouvrier, et portant à la main une branche d’arbre, comme un symbole de paix ; et il avait à ses côtés Pierre Sellier, semteur fidèle que rien n’avait pu éloigner de son maître. La . présence du pontife excita des sentiments divers parmi les insurgés : les uns lui serraient respectueusement la main ; d’autres , pleins de défiance, restaient muets ; d’autres enfin murmuraient hautement. Au milieu de la confusion , M. Albert ne cesse d’agiter sa branche d’arbre, et demande le silence. De son côté, le prélat essaye de dire quelques mots ; mais à l’instant même un coup de fusil se fait entendre ; les insurgés, se croyant tralùs, font une décharge sur la garde mobile, qui répond au feu ennemi. C’est à ce moment que l’archevêque, frappé d’une balle, tombe sur le trottoir. A cette vue, un cri d’horreur s’élève au milieu de la foule ; plusieurs insurgés quittent leur barricade, et viennent relever le pontife blessé. Aidés de M. Albert et de Pierre SeUier, ils cherchent à l’éloigner du champ de bataUIe. Au même instant Pierre Sellier est atteint d’une balle. Le prélat s’en étant aperçu , et oubliant son mal pour ne songer qu’à celui de son valet de chambre : « Pierre , lui dit-il , laissez-moi ; ne me portez pas. « Mais le fidèle serviteur ne crut pas devoir obéir. Et comme les insurgés qui l’entouraient s’écriaient que c’étaient les gardes mobiles qui l’avaient blessé, et qu’ils sauraient le venger : « Non, non, mes amis, répondait-il, ne me vengez pas ! D y a assez de sang répandu ; je désire que le mien soit le dernier versé. » Transporté à l’hospice des Quinze-Vingts, le prélat, martyr de sa charité, y reçut les derniers sacrements avec un sentiment de foi et une résignation qui firent fondre en larmes tous les témoins de ce noble et triste spectacle. Cependant le combat ayant fini par la déroute complète des insurgés , il fut porté tour à tour sur un brancard, par des ouvriers et des soldats , jusqu’à l’archevêché , où il rendit le dernier soupir le 27 juin. Le lendemain 28, l’assemblée nationale rendit le décret suivant : « L’assemblée nationale regarde comme un devoir de proclamer les sentiments de religieuse reconnaissance et de profonde douleur que tous les cœurs ont éprouvés pour la mort saintement héroïque de M. l’archevêque de Paris. )> Les funérailles furent célébrées le 7 juillet. Jamais la capitale de la France n’avait assisté à un spectacle à la fois aussi triste et aussi beau. Le corps du pontife fut placé dans la cathédrale, à côté des restes de ses prédécesseurs MM. de Belloy, de Juigné, de Périgord et de Quélen, et son cœur déposé dans l’éghse des Carmes.

M. Affre n’était pas moins remarquable comme écrivain que comme homme et comme évêque, et ses actions n’auront pas été moins utiles à la religion que ses divers écrits. Car, sans parler de ses mandements et de ses lettres pastorales, qui sont AFFRY

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pour la plupart une source abondante d’instructions précieuses ; sans même signaler ses nombreux articles insérés dansl’Aîwi de la religion, il a publié un certain nombre d’ouvrages aussi remarquables par le fond de la doctrine que par la fonne qu’il a su leur donner ; tels sont : 1" Traité de l’administration temporelle des Paroisses ; Paris, in-8",

1827 ; 3^ édit. ,

1835 ; —

2° Traité des Écoles primaires, ou manuel des instituteurs et des institutrices ; P-dfis, 1826 ;

3" Jissai critique et historique sur Vorigine, le progrès et la décadence de la suprématie temporelle des papes ; Amiens, 1829 ;

4° Traité des appels comme d’abus ; — 5° Traité de la propriété des biens ecclésiastiques ; Paris, 1837 ; — G° Introduction philosophique à l’étude du christianisme ; — 7° Nouvel essai sur les hiéroglyphes égijptiens, d’après la critique de M. Klaproth sur les travatix de M. ChampolUon jeune ; Paris, 1834. Cette brochure, malgré son exiguïté (elle ne contient que 31 pages in-8°), prouve clairement l’insuffisance du système de Champollion pour expliquer les liiéroglyphes égyptiens. A cette liste d'ouvrages nous ajouterons li> Catéchisme de Paris, imprimé par ordre de M. l’Archevêque. S’il faut en croire la plupart des ecclésiastiques qui sont chargés de l’enseigner, ce catéchisme n’a nullement répondu aux espérances que le digne prélat en avait conçues.

M. Affre n’était pas assez profondément versé dans la théologie et dans la philosophie pour ne s’écarter jamais d’une rigoureuse exactitude ; aussi l’a-t-on vu louer sans restriction des livres qui étaient entachés d’erreui’s, et jeter sur d’autres un blâme non mérité. Mais sa haute capacité, l’étendue et la variété de ses connaissances, jointes à ses vertus ecclésiastiques, n’en ont pas moins fait un des archevêques les plus illustres de Paris.

J.- B . Glauie.

M. Henri de RIancey , Monseigneur Aftre , archevê’ que de Paris ; esquisse biographique. — Docteur Cayol, Relation de la blessure et de la mort de monseUjncur l’Archevêque de Paris , suivie du procès-verbal de l’embaumement du corps et de l’examen mediio-legat de la plaie.

M. l’abbé Cruice , Fie de Omis-Jtiçiustc Affre, archevêque de Paris ; — Bibliographie catholique, décembre 18i9.

AFFUT ( père et fils ). Les Affry sont une defà plus anciennes familles de Fribourg, en Suisse ; deux officiers de ce nom prirent part à la victoire de Morat, et on trouve des Affry mentionnés dans l’histoire de la Suisse dès l’année 1 178. Locis-Aucustin-Alcuste n’AiFKY, fils de François d’Atfry , mort au service de France avec le grade de lieutenant général, naquit à Versailles en 1713, et se trouvait, comme capitaine aux gaj’des, à la bataille de Guastalla, oii son père^ fut tué. Sa bravoure dans les campagnes dej 1746, 1747 et 1748 lui mérita le grade de maréchal de camp. Il remplit, en 1755, la place d’envoyé extraordinaire auprès de la république des Provinces-Unies, et, bientôt après, celle d’ambassadeur, qu’il conserva jusqu’en 1762. Nommél