Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/92

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qu’incommodait la lumière diffuse réfractée sur les roches. Il ne s’arrêta qu’en sentant devant son visage le vent produit par les moulinets de ma lame. En même temps une détonation partit d’entre les branches voisines, répercutée au fond de la gorge en un écho formidable, et je vis une des écailles du monstre voler en éclats. Mais la balle n’avait fait que ricocher sans doute sur son immonde cuirasse, car il ne broncha pas. Ma femme déchargea successivement, sur lui ou sur son entourage, les cinq autres coups de son arme, sans obtenir d’autre résultat qu’un vacarme assourdissant. Nos agresseurs lui répondaient en glapissant, croassant, meuglant, et se bousculant de façon à resserrer sans cesse l’espace qui nous séparait d’eux. Quelques-uns noyés, perdus dans la mêlée, montaient sur le dos ou sur les épaules de leurs voisins, et brandissaient vers nous leurs tentacules impuissants. Il y en avait qui choisissaient cette voie aérienne pour gagner le premier rang où leurs montures de hasard les faisaient dégringoler en se secouant et les foulaient aux pieds.

Tout le ravin maintenant moutonnait et grouillait, envahi par des légions de ces êtres écœurants qui accouraient sans savoir, sans