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s’unirent, et, à travers l’emmêlement des membres diaphanes nous discernâmes leurs deux corps conjugués, soudés bout à bout, et qui, matériellement, n’en formaient plus qu’un seul.

Prodigieux spectacle ressuscitant les premiers âges de la genèse animale ! N’était-ce pas là le mode de conjugaison simple des protozoaires, et qu’allait-il advenir de cette métamorphose instantanée, miraculeuse, de deux êtres en un seul ? Je m’étais avancé jusqu’au seuil même de la hutte. La masse amorphe n’était plus maintenant qu’un organisme unique parcouru par d’intenses courants circulatoires. Au bout de quelques minutes un frémissement agita les cellules internes de l’être, s’intensifia et se localisa en un point précis qui me parut se boursoufler imperceptiblement. Prenais-je pour une réalité l’ardent désir que j’avais de voir se concréter et se vérifier sous mes yeux les lois de la reproduction par bourgeonnement ? Toujours est-il que ma curiosité scientifique se tint pour satisfaite, et j’eus l’idée alors de renouveler la barbare expérience qui signala ma première expédition dans l’île.

Sans le moindre soupçon de l’effroyable danger que j’allais attirer sur nos têtes, je tirai mon sabre d’abatis et fendis la masse gélati-