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plorer. On eût dit un trou de verdure triangulaire ouvert sur un thalweg étroit de terre rose. Le chemin suivait les sinuosités d’un torrent à peine deviné sous le fouillis des ramures où gambadaient, vraies miniatures humaines, de jolis singes blonds et barbus. Nous nous y enfonçâmes. Rien ne bougeait. Le silence s’était fait plus profond encore, et tout au plus derrière nous entendions-nous ce crépitement particulier, ces petits froissements infiniment légers et tatillonnants qui distinguent la marche d’un Immonde isolé. Les promeneurs n’étaient pas moins rares ici qu’ailleurs.

Le sentier tout à coup s’inclinait en pente douce. Le ciel s’effaça presque. Des huttes sordides surgirent de l’ombre chaude et dense du ravin, irréelles verrues poussées entre les troncs multiples des ficus, quelques-unes comme suspendues aux branches basses de ces arbres auto-reproducteurs, d’autres taillées eût-on dit en plein roc ou perchées plus haut encore, montrant un bout de toit précaire et sourcilleux à demi enseveli sous les lianes retombantes.

Dans une de ces huttes basses un spectacle affreusement répugnant s’offrit. Un Immonde acéphale se tenait assis entre un récipient d’écorce où tremblait une innommable gelée