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— Gardez-le, mon ami, je suis trop heureux de vous l’offrir, et croyez bien que ma reconnaissance ne se bornera pas à ce modeste souvenir.

Il s’inclina, m’offrit un siège. Ne perdant pas de vue le but essentiel de ma démarche, je lui marquai mon étonnement qu’il sût lire, ses camarades me paraissant bien moins avancés que lui.

— En effet… on ne nous a appris ni à lire ni à écrire. Aussi ai-je eu un mal inouï pour apprendre… tout seul… Je crois bien que j’y ai mis des années… ou des mois tout au moins.

Évidemment, il ne se rendait pas bien compte de la durée respective des mois et des années.

— Ce livre même, ajouta-t-il, tandis que ses yeux se cernaient à nouveau, ce livre qui vous paraît à vous sans doute d’une lecture simple et facile, je n’arrive à le comprendre qu’à la condition de le déchiffrer phrase par phrase.

Il y eut un silence gêné. Mon regard errait sur les murailles intérieures de la case. Elles s’ornaient de gravures en couleur apparemment découpées dans des journaux illustrés.

— D’où tenez-vous ces images, questionnai-je ?

Il baissa la tête, puis, lentement, avec un effort visible :