Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fussent-ils, pour en soumettre les résultats à la sanction des Purs eux-mêmes. Car si nous avions d’un commun accord décidé de prolonger notre séjour dans cette île de rêve qui faisait à notre jeune lune de miel un cadre merveilleux de couleur, de silence, de recueillement, une élémentaire prudence nous intimait d’en élucider d’autant plus rapidement les fâcheux mystères.

Notre excursion terminée, je me rendis, seul, à la case du chef. Je le trouvai assis sous sa véranda en train de lire — et avec quelle application, grand Dieu. — L’effort de comprendre faisait saillir ses tempes, évoquant l’image d’un orientaliste aux prises avec un manuscrit tamoul. Au premier coup d’œil je reconnus le volume sur lequel il peinait ainsi, c’était notre exemplaire de Graziella.

— Vous avez trouvé ce livre dans nos bagages, n’est-ce pas ? lui dis-je en souriant d’un air bon enfant pour ne pas l’intimider.

Un halo bleuâtre cercla ses yeux, — sa façon de rougir sans doute. Il répondit :

— Je comptais vous le restituer immédiatement, croyez-le bien. Mais il m’a si vivement intéressé…

Je ne lui laissai pas le temps d’achever.