Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/53

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pas cessé de grimacer et de glousser comme une poule en gésine. Alors seulement je me ressouvins des recommandations du chef pur et, empoignant ma hache je la lançai à toute volée dans la direction du monstre qui, atteint par le travers du corps, fut littéralement coupé en deux. La curiosité l’emportant sur le dégoût je me précipitai en avant et pus assister à un spectacle qui tenait du sortilège. Les deux tronçons qui gisaient à terre s’allongèrent et s’étendirent à la rencontre l’un de l’autre. Ils finirent par se ressouder. Mais les tentacules, eux, s’étaient rétractés, et subissaient un rapide travail de résorption. En moins d’une minute le dessin des narines et de la bouche fondit, s’évanouit comme dans un cliché trop posé qui prend le voile. Je n’avais plus sous les yeux maintenant qu’une masse tremblotante, plissée, verdâtre, secrétant une humeur visqueuse à odeur forte. La vie toutefois était loin d’avoir abandonné le monstre, car tandis que je me penchais sur lui avec un mélange d’épouvante, de dégoût et de je ne sais quelle indicible pitié, je pus discerner, dans l’épaisseur diaphane des cellules sous-jacentes, un intense courant circulatoire. Bien mieux, sous l’effet de ces ondes internes, je le vis se décomposer, se métamor-