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Il n’en était pas de même de ma femme, dont la ravissante frimousse, dure et fermée pour moi seul, me donnait en tout temps, depuis notre mariage, la sensation d’un parc délicieux aux tendres pacages, aux fraîches ondes vertes, et dont me séparerait un mur hérissé de tessons de bouteille, le mur de son indifférence presque haineuse, mais qui pour l’instant laissait filtrer entre lesdits tessons, l’intense curiosité de ce que je pouvais bien penser d’elle et de tout ce qui nous arrivait par sa faute.

Car c’était sa faute, comme bien vous pensez. À quarante ans un globe-trotter comme moi, un homme qui a fait trois fois le tour du monde, ne rêve plus que la paix et le repos dans la permanence d’un cadre qui ne variera ni ne se déplacera plus. Et c’était bien avec cette arrière-pensée que je m’étais offert, en légitimes noces, le délicieux joyau qui, entre les quatre murs d’une quelconque bastide, continuerait d’évoquer toutes les magies éparses dans l’univers.

Mais songez maintenant à toutes les petites filles qui, cinq ou six ans avant l’époque où commence cette histoire, jouaient à la balle contre les murs dressés un peu partout où il y a des agglomérations d’humanité à contenir ; dites--