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savant en mission pour qui les découvertes les plus extraordinaires sont autant d’aubaines susceptibles de lui livrer la clef d’une énigme biologique de plus. Mais je n’étais, moi, qu’un homme accomplissant, bien malgré lui, le plus singulier des voyages de noces. Et j’étais pressé — oh ! combien ! — d’en voir la fin, plutôt que désireux d’extirper un quelconque de ses secrets à cette île inhospitalière ne produisant que des monstres ou des échantillons d’humanité douteux et suspects, qui rôdaient en quête de livres à dévorer, comme dans l’Apocalypse.

Ces réflexions peu gaies ayant stimulé mon énergie, je décidai de continuer mon exploration, et, sans plus tarder, je pénétrai dans la fissure à l’entrée de laquelle le monstre m’était apparu. Mais force fut de m’arrêter au bout d’une cinquantaine de pas. D’énormes blocs de granit noirâtres, moussus ou glacés sur tranches comme ceux des rapides, étaient amoncelés jusqu’à une hauteur de vingt pieds au moins, la hauteur même des parois de la fissure, et il n’y avait pas le moindre doute qu’ils n’eussent été arrachés au lit même du torrent et entassés là tout exprès pour obstruer le passage. De fait ils le rendaient totalement impraticable, et je réfléchissais au parti à prendre