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le sabre ou la hache, je les acculai du côté de la coupée de bâbord et les contraignis à se précipiter dans les flots. Mais ces brutes purement impulsives, que les deux chimistes avaient si bien qualifiées de « réactions de laboratoire », n’avaient pas la moindre conscience de la mort. Sans doute ne la percevaient-ils que comme une simple transformation, le passage d’un état matériel à un autre. Et peut-être leur mort, à eux — comme aussi la nôtre — n’était-elle en réalité que cela. Toujours est-il que, sans se soucier du sort de leurs camarades, ceux qui restaient s’apprêtèrent aussitôt à renouveler leur tentative. Mais cette fois ce fut le ciel qui me vint en aide. Oui, le ciel !

Un bolide, c’est-à-dire un globe de feu de plusieurs centimètres de diamètre apparent, émergea soudain des loques fuligineuses suspendues au-dessus de l’île. Je le vis descendre lentement, suivant une trajectoire oblique qui le menait droit au navire, si bien qu’un instant je redoutai la pire des catastrophes. Mais il fut arrêté en chemin par la pyramide reconstituée. Il la frôla et éclata avec un bruit infernal, un dégagement de lumière dont Yvonne et moi nous restâmes aveuglés durant quelques secondes.

Quand nous rouvrîmes les yeux, la pyramide