Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/272

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tous ses pores, se figeait au long de ses fibres durcies, dans une stagnation imminente de la frêle mécanique cardiaque qui rythmait sa respiration. Et que lui importait de mourir puisque la mort du Père décrétait l’irréparable pour lui, puisqu’il était sur désormais que jamais il ne pourrait ni aimer ni être aimé. S’étant assuré que son cœur, à elle, battait toujours, il fit un signe et les porteurs se remirent en marche.

D’un pas rapide, si rapide même que le chef, à bout de souille, trébuchait, haletait, ils franchirent le portail, s’engagèrent sur la grève, et d’un seul élan dévalèrent vers la mer. Mais, chose étrange, ils n’obéissaient plus ni à la voix du chef ni à la direction qu’il essayait de leur imprimer, et bien qu’il se fût arrangé de façon à marcher en tête, leur orientation, en dépit de tous ses efforts, déviait de la ligne à suivre pour atteindre le yacht ; ils descendaient droit aux flots. Alors subitement une certitude affreuse se leva dans sa pensée : soit vengeance concertée contre la race à laquelle appartenait la malheureuse, soit superstition opiniâtre d’êtres issus de l’Océan sans doute et qui, morts, y retournaient comme les humains retournent à la terre, les monstres avaient décrété que le corps devait être jeté à la mer. Et ils le jetteraient, quoi