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savant qui nous donnait l’hospitalité dédaignât d’entrer en pourparlers avec les déshérités que son génie avait appelés à la vie, ce qui eût aplani toutes les difficultés et nous eût permis de quitter l’île immédiatement, sans forfaire aux élémentaires sentiments de reconnaissance et de solidarité humaine.

Il pouvait être onze heures du soir, et je venais d’attirer l’attention d’Yvonne sur ce fait assez suspect qu’aucun feu ne brillait au camp de la Table d’Argent, quand un appel strident « Aux armes ! » tomba du haut de la muraille, venant d’un point très voisin de notre bungalow. Puis le timbre grave d’une cloche tirée à toute volée par le portier bouleversa la nuit. La cour centrale, presque aussitôt, s’emplit de tumulte et d’animation. J’étais descendu un des premiers, non sans avoir promis à ma femme de la rejoindre en cas de danger. On m’apprit qu’un des hommes de garde du bastion nord-est (celui qui dominait le môle) avait aperçu, à la lueur d’un éclair, des ombres qui gesticulaient autour du yacht.

M. Brillat-Dessaigne, survenu à son tour, parut comprendre cette fois toute la gravité du cas. C’étaient les Purs, évidemment, qui cherchaient à s’emparer du navire afin de s’appro-