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l’Alsacien pour toute réponse. Et il finit par expliquer que la veille, à la suite de l’affaire des pieuvres, il avait ramené du yacht le canon revolver et une certaine quantité de fusils, mais comme les munitions faisaient défaut, l’idée lui était venue de voir si la poudrière du réservoir en contenait peut-être.

— Vous n’êtes qu’un imbécile, tonna M. Brillat-Dessaigne. Depuis le temps que vous êtes ici, vous deviez savoir que cette poudrière ne renferme que de la dynamite. D’ailleurs vous n’étiez pas autorisé à y pénétrer, et vous n’auriez même pas pu y pénétrer puisque la fermeture à boulons du disque exige l’emploi d’une clef à écrous spéciale.

L’Alsacien objecta timidement qu’il avait trouvé la clef dans le laboratoire de taxidermie, et qu’il avait fait tout cela « bour le pien ».

— Rendez-moi cette clef sur-le-champ, fit le savant et retournez à votre guichet où vous resterez consigné jusqu’à nouvel ordre.

Les traits convulsés, plus blême encore qu’il ne l’était d’ordinaire, et tremblant de la tête aux pieds, le malheureux se fouilla, bredouilla quelques jurons dans son idiome incompréhensible, puis d’un geste découragé, désigna le réservoir. La clef sans doute lui avait échappé