Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.

départ disant : « Mieux vaut les emmener, il est presque certain qu’ils resteront là-bas, et ce sera toujours deux espions de moins dans la place. »

Quand nous atteignîmes le campement des Purs, le chef vint à moi, sans manifester la moindre émotion, ses traits même demeurèrent impassibles ; le regard seul, humide et brillant, trahissait les sentiments tumultueux de son âme d’enfant. Pour se conformer du reste à nos usages, il me tendit la main. Et comme il me regardait sans mot dire, je fus frappé de son teint fatigué, de l’affaissement plus marqué encore des muscles essentiels du visage, de ce je ne sais quoi de fripé, de terne, de lourd et de las répandu sur ou dans toute sa personne et qui, chez les animaux à vie courte comme le chien, sont les signes caractéristiques de la vieillesse.

Nous entrions dans le cercle des tentes ; je remarquai que le nombre de celles-ci était, à première vue, assez considérable, et j’appris, non sans surprise, que les Purs étaient tous présents ; tous ayant demandé à se joindre à un déplacement qui, cette fois, usurpait la gravité d’une expédition de guerre.

— J’en étais sûr, me dit le chef devenu morne