Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/196

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car ce frisson, peut-être en effet le soupçonnent-ils à peine, comme vous dites, et ne l’estiment-ils que pour son but final : la procréation, je crois que c’est moins l’instinct sexuel dont ils déplorent de n’être point les martyrs, que le mirage troublant de l’Amour-sentiment qui hante leur cerveau, du moins le cerveau de leur chef, depuis la lecture d’un vieil exemplaire de Graziella qu’il avait dérobé dans notre campement.

— Bien mal acquis ne profite jamais, ricana le savant pour se mettre à mon diapason… Ah ! les pauvres gens… ils veulent être à leur tour victimes du vieux mirage d’amour qui a ébloui des générations d’imbéciles, ils demandent à porter les chaînes du mensonge sentimental : Mais qui les en empêche !… Toutes choses égales, il faudrait supposer alors que s’ils exigent, par surcroît, les attributs mâles, c’est dans le but unique de perpétuer leur race éphémère !

— Qui sait en effet si la conscience du néant — d’un néant très proche, puisque vous ne leur donnez plus guère que deux ou trois mois à vivre — ne se double point pour eux de la terreur de disparaître sans avoir pénétré le sens de la vie ni laissé de traces sur terre.