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compris votre apologue, un Pur aurait appris à lire, aurait révélé à ses frères la véritable humanité, la pitoyable humanité sexuelle, et ces malheureux — car dès lors ils l’étaient — vous auraient chargé, vous qui passiez, de me soumettre leurs doléances, d’intercéder auprès de moi, leur Démiurge comme vous dites, afin d’obtenir que je corrige mon œuvre, que je fasse d’eux des êtres semblables à nous… Remarquez que le plus ennuyeux de l’affaire c’est qu’il me paraît impossible de leur faire comprendre que ce qu’ils me demandent n’est pas en mon pouvoir.

— C’est bien ce que je pensais.

— Comment leur expliquer, en effet, qu’ils sont simplement des produits chimiques, si j’ose dire, c’est-à-dire les résultats d’une série de réactions très compliquées où je ne suis pour rien. Car j’ai pu provoquer ces réactions et en diriger la marche, mais mon intervention s’est bornée là, et pour cause. Le véritable créateur des Purs c’est donc la Chimie, et non pas moi. Or la Chimie ressemble à la nature en ce sens qu’elle ne peut rien ajouter à un organisme vivant. Au reste, si les Purs étaient des enfants de la nature, s’ils représentaient comme nous l’aboutissement de plusieurs milliers de géné-