Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Du premier homme avant la faute, oui, et croyez bien que l’analogie, le parallélisme si vous voulez, des deux situations, ne m’a pas échappé. C’est même pour ne rien modifier à un ordre de choses dont le bouleversement subit après la mort du botaniste, pouvait avoir les plus graves conséquences, que j’ai singé, à mon tour, le dieu catholique en me rendant invisible et inaccessible le plus possible. Comme d’ailleurs la foi est corrélative de l’absence de culture intellectuelle, j’ai maintenu les Purs dans l’ignorance et les superstitions. Heureux les pauvres d’esprit, n’est-ce pas ? Pour demeurer heureux, il fallait ni qu’ils approchassent l’arbre de science (le livre) ni qu’ils eussent aucun commerce avec les divins, c’est-à-dire avec l’humanité passionnelle, dont les séparait leur physiologie même. Un point c’est tout.

M. Brillat-Dessaigne avait dit cela avec un flegme profond prouvant qu’il ne savait pas du tout encore où j’en voulais venir.

— Non, ce n’est pas tout, car supposez maintenant qu’un des Purs, un de ces hommes si bien ligotés dans votre genèse postiche, le plus intelligent comme de juste, ait voulu, à l’encontre de toute prévision, goûter quand même à l’arbre de science, supposez qu’il soit parvenu,