Page:Hoche, Le faiseur d'hommes et sa formule, Librairie Félux Juven, 1906.djvu/171

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inutiles, comme tout ce qui est inutile disparaît dans la nature ; les sources de la virilité tariront chez l’homme ; la femme cessera d’engendrer. Tout au plus verra-t-on peut-être des facultés parthénogénétiques temporaires apparaître chez quelques femelles opiniâtres comme phénomène de transition précédant l’extinction totale de la fécondité humaine. Mais les générations ainsi conçues ne connaîtront plus l’amour, car le « honteux » et puéril mystère des sexes aura disparu avec les attributs distinctifs des sexes eux-mêmes, et la vie des derniers humains sera un commentaire éclatant de la théorie du bonheur absolu, celui qui réside dans l’absence de toute émotion passionnelle… »

Pour la première fois, depuis plus d’une demi-heure qu’il parlait, le savant s’arrêta court comme pris d’une défaillance vocale. Il passa la main sur ses yeux, puis je vis son regard papilloter, s’emplir de brume, était-ce le passage d’une émotion mal domptée ? Toujours est-il que ce regard ne semblait pas s’enfoncer dans les chimériques lointains suscités, mais dans un douloureux passé sentimental, l’ineffaçable passé que tous nous portons dans nos cœurs