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même à l’abus des saignées que j’attribue son anémie actuelle, tant cérébrale que musculaire. Par la suite, du reste, je renonçai à l’emploi du sérum, devenu inutile. Donc n’en parlons plus.

Je résume en deux mots maintenant l’histoire du Bathybius ou « être des abîmes » ainsi dénommé, vous le devinez, parce qu’on ne le trouve qu’au fond de la mer, à des profondeurs effarantes. Le premier échantillon connu fut en tout cas ramené d’une profondeur de 8.000 mètres par les dragueurs d’un navire anglais en croisière scientifique sur l’Atlantique. C’était une sorte de gelée animée de mouvements imperceptibles. Elle pouvait grandir, s’allonger indéfiniment, et même cette propriété subsistait, — lorsqu’on la divisait — dans chacune de ses parties, avec ce surcroît de particularité extraordinaire que si deux de ces parties venaient à se rencontrer, elles se ressoudaient aussi intimement que si elles n’avaient jamais été disjointes. Mon regretté et célèbre collègue Huxley étudia cet être phénoménal et lui donna le nom de Bathybius Haekeli pour faire plaisir à Haekel qui était déjà le parrain des Monères et qui d’ailleurs assuma avec reconnaissance les graves responsabilités de cette nouvelle tutelle. Je dis graves parce que Haekel eut naturellement