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Notre première visite naturellement fut pour le port. Il nous tardait de contempler de près le yacht demeuré le pivot de nos rêves de prochain retour au continent, retour auquel il ne pouvait manquer d’être mêlé de façon ou d’autre.

Sur le pont du navire, une surprise nous attendait. Trois petites pièces d’artillerie, dont une mitrailleuse, étaient rangées sur le gaillard d’arrière. M. Moustier expliqua :

— Une fantaisie du patron qui les avait achetées à Batavia en même temps que le yacht, il y a deux ans environ, pour en garnir nos bastions. Depuis, elles sont restées à bord, M. Brillat-Dessaigne ayant négligé de donner des instructions. Le yacht lui même, inutilisé, est un véritable petit arsenal flottant. Vous trouverez de la poudre et des obus jusque dans la soute aux liqueurs, le salon même comme vous voyez, est encombré de sabres et de fusils, la plupart, déplorablement rouillés aujourd’hui, bons tout au plus à être transformés en accessoires de théâtre. Je crois bien que le patron avait eu un instant l’intention de transplanter ici les indigènes d’une île voisine, des demi-sauvages qu’il comptait soumettre à divers essais de civilisation accélérée. Ces armes étaient des-