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Un nouveau coup de timbre et le portail s’entrebâilla pour nous livrer passage. Une enfilade d’arcades blanches s’ouvraient sur une cour lointaine où traînait un restant de lumière.

— Entrez, messieurs, tames, la gompagnie !

Un grand diable en bras de chemise, un sapajou sur l’épaule, la tête enfouie sous une perruque de cheveux filasse dont les mèches lui pendaient sur les yeux, s’inclinait devant nous avec la plus comique ostentation. En même temps il lançait derrière lui un retentissant : « Taisez-vous, Maria ! » évidemment adressé à l’une des voix du sauvage concert qui recommençait de plus belle, mais à qui ? J’aime autant vous dire tout de suite que nous ne devions jamais le savoir, tant à cause du grand nombre de bêtes qui peuplaient cette étrange basse-cour, qu’en raison du caractère hurluberlu du portier, un bon type d’Alsacien quasi-loufoque, qui pour avoir passé les plus belles années de sa vie dans une sorte de ménagerie semblait lui-même une ménagerie réduite d’où à chaque instant s’échappait quelque gloussement imprévu, un rire sans justification, un battement d’ailes, un croassement dans le vide, toutes les onomatopées du langage animal.

Il se frottait les mains à présent, l’air réjoui