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les consciences frustes de ces pauvres phénomènes ?… Chez nous, on a l’âme sous la peau, sous la peau du visage tout au moins, car il est relativement facile de lire dans les traits des gens… Leur visage, à eux, donne l’impression d’un livre fermé, d’un livre dont la reliure, par exemple, se défraîchit et s’abîme avec une déconcertante rapidité. Car, as-tu remarqué combien ils ont vieilli tous en ces quinze jours ?

Je n’avais rien remarqué du tout, mais c’était vrai, et je dus admirer une fois de plus, la subtile vigilance de ma femme, sans cesse occupée à relever les empreintes physiques du mystère qui nous traînait à sa suite, tandis que je me bornais à en scruter mollement le substrat idéal. Si j’évoquais les Purs tels qu’ils étaient lors de notre première rencontre, j’étais forcé de convenir en effet, qu’ils semblaient avoir vieilli de près de deux années. La démarche s’était alourdie, les traits austérisés, des poches apparaissaient autour des yeux, dont la peau se gerçait, et les rides du front et des commissures, celles surtout dues aux contractions faciales provoquées par la réverbération solaire, s’étaient creusées comme sous l’effet d’un acide. Enfin, signe de maturation accélérée plus remarquable que tous les autres, leurs tempes à l’aspect juvénile