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Les armes blanches étaient surtout, entre leurs mains, des instruments d’hypnotisme ; quant aux armes à feu elles servaient aux appels, aux sommations, aux signaux de ralliement. Comme on nous l’avait expliqué sommairement déjà, les Immondes adoraient les détonations, les mugissements du gong, et en général toutes les sonorités bruyantes et graves. Et à ce propos le chef, devenu loquace pour un instant, se déclara convaincu qu’avec un rudiment d’orchestre composé d’instruments très puissants on eût pu les conduire au bout du monde.

Je devais me rappeler plus tard l’air sombre et méditatif qu’il avait pris pour nous confier cette idée dont nous rîmes simplement, d’abord à cause des grotesques images qui se levaient au bout, ensuite, parce que le chef Pur paraissait confondre, comme tant des nôtres, hélas ! la musique avec le bruit. Le roulement même du tonnerre, ajoutait-il, jetait les Immondes en extase, tandis qu’il inspirait aux Purs une terreur folle dont lui seul avait fini par s’affranchir depuis qu’il lisait et s’efforçait de scruter la nature.

Par une singulière coïncidence, cette particularité psychopathique des Purs allait être mise en évidence sous nos yeux mêmes. Le temps