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paisseur ? En 1814, au mois de juillet, il céda, et une moitié de la tour s’écroula.

Son plan est d’une forme assez singulière : deux bâtiments en équerre, et l’angle protégé par une forte tour en saillie.

Elle comprenait trois étages desservis par un escalier tournant. Chaque étage comportait deux chambres, et peut-être trois.

La maison du gardien-chef sert encore, comme autrefois, de vestibule à cette tour. Près d’une porte située au premier étage on lit :

Entres. messievrs. ches. le. roy. notre. mestre.

C’est en effet une royale mais sombre demeure, et tous les hôtes, illustres ou inconnus, qui ont vécu dans ses murs ont pu dire ce que l’un d’eux a écrit : « Beati ei qui non habitant in domo ista ! »

La première salle qui se présente au rez-de-chaussée est celle dite de la Torture. On y voit encore une barre de fer, garnie d’énormes anneaux dans lesquels on passait les pieds du patient. La salle est vaste, éclairée par une large fenêtre garnie de barreaux de bois qu’on dirait avoir fait partie de la cage de La Balue, dont nous verrons plus loin la description. Mais la cheminée est supprimée et les murs sont blanchis à la chaux. Les traces du passé dorment sous le badigeon réglementaire des prisons de l’État étendu en couches annuelles. Là sans doute s’instruisaient les procès et se donnait la question ordinaire et extraordinaire dont le roi Louis XVI eut la gloire d’ordonner l’abolition. Là, peut-être, comparurent devant leurs juges les complices du connétable de Bourbon, et le principal d’entre eux, l’infortuné comte de Saint-Vallier, que nous retrouverons dans un des chapitres qui vont suivre.

Au dessous de cette chambre est une vaste salle ronde,