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Son fils fut pourvu de terres importantes dans les comtés d’Essex, de Bedford, de Cambridge, de Huntindon et de Norfolk.

Cette nomenclature rapide suffit pour rendre au défenseur de Loches sa vraie place dans l’histoire, et le venger des calomnies de Guillaume le Breton.

De son côté le roi de France, pour récompenser les services que son connétable Dreux de Mello lui avait rendus dans cette campagne, fit don à son fils Dreux V des châtellenies de Loches et de Châtillon-sur-Indre, par une charte datée de Beaulieu près Loches, du mois d’avril 1205, — quelques jours après la prise du château, — à la charge de les rendre lorsqu’il plaira au roi ou à ses héritiers « nobis et heredibus nostris, ad magnum vim et ad parvam, quotescumque ab eis requisierimus ». À partir de cette époque nous voyons le seigneur de Loches figurer au nombre des chevaliers bannerets de Touraine.

Il fit remettre en état la place, fort endommagée sans doute par la « grande et cruelle batterie » qu’elle venait de subir. À cette époque probablement on ajouta les tours à bec[1] à la courtine du midi, et l’on creusa plus profondément les fossés.

Dreux V paraît avoir séjourné à Loches assez longtemps. Il y donna plusieurs chartes datées de 1215, 1234, 1239. Il y fit plusieurs donations au chapitre pour son anniversaire et celui d’Élisabeth de Mayenne sa femme. Il partit pour la Terre sainte au mois de juillet 1239, et mourut dans l’île de Chypre sans laisser d’héritiers.

Après sa mort, son neveu Dreux VI, malgré la clause

  1. Ce nom de tours à bec paraît tout à fait impropre ; nous ferons mieux comprendre leur figure en disant que leur plan donne le tracé d’une ogive.