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promesses. D’un autre côté, oubliant tout ce que cette folie peut avoir de conséquences désastreuses, il enlève la femme de Hugue le Brun, comte de la Marche. Il n’en fallut pas davantage pour détacher de lui tous les seigneurs aquitains, qui se regardèrent comme déliés par cette trahison de leur serment de fidélité, et portèrent leur hommage au roi de France. Forts de cette défection, Philippe et Arthur envahirent successivement le Poitou, l’Aquitaine, l’Anjou et la Touraine. Malheureusement Arthur se laissa prendre par son oncle au siège de Mirabeau. On connaît la fin tragique de ce malheureux prince.

Philippe, dans tous ces événements, ne perdait point de vue les graves intérêts de sa couronne. Il voit immédiatement quel parti il peut tirer de l’assassinat d’Arthur. Jean, cité devant la Cour des pairs, refuse de comparaître. Il est alors déclaré déchu de ses fiefs, et c’est le roi de France qui est chargé d’exécuter la sentence (1203). Philippe entre aussitôt en campagne. La Normandie, l’Anjou, le Maine, une partie du Poitou se soumirent à ses armes. En 1204 il investit Loches, et revint en personne au printemps suivant presser le siège. Le capitaine Girard d’Athée fut forcé de se rendre avec 120 chevaliers et écuyers. Le siège avait duré un an.

Chinon fut pris la même année ; c’était le dernier rempart du roi d’Angleterre en Touraine.

Les fréquents séjours de Jean Sans-Terre à Loches et à Chinon pendant cette période indiquent la préoccupation dont ces places étaient l’objet de sa part. Il était à Loches le 1er juillet 1200, et le 26 janvier 1202, et y resta quatre jours. Chinon paraît attirer surtout ses visites ; la ville avait sans doute plus besoin de sa présence. À Loches il avait laissé Girard d’Athée et Robert de Turneham qui, pendant cet intervalle, mirent la place en bon état de défense.