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6 juillet 1189. Un de ses fils naturels, Geoffroy, évêque de Lincoln et chancelier d’Angleterre, était seul auprès de lui. Il avait à peine rendu le dernier soupir que ses serviteurs se jetèrent sur sa garde-robe et ses bijoux, et firent main basse sur tout ce qu’ils purent dérober ; on eut peine à trouver un linceul pour l’ensevelir, et un mauvais chariot pour le transporter à Fontevrault, lieu de l’inhumation. Richard s’empara des clefs du trésor, qui renfermait des sommes considérables et les insignes royaux. Pour la cérémonie on fut obligé d’orner le cadavre d’un sceptre en bois doré, d’un anneau de cuivre, et d’une couronne faite avec une broderie d’or prise sur un vêtement de femme.

Richard se fit couronner roi d’Angleterre le 3 septembre 1189. Quelque temps après il partait pour la Terre Sainte avec Philippe-Auguste. Mais après un assez court séjour, ce dernier revint en France et pendant que Richard était à son retour retenu prisonnier en Allemagne par l’empereur Henry VI, Philippe-Auguste essayait de s’emparer de la Normandie et traitait avec Jean-Sans-Terre qui voulait s’emparer des états de son frère. Loches fit retour au monarque français soit en échange des sommes dont Richard avait besoin pour sa rançon, soit, comme le dit Chalmel, en vertu d’un traité passé entre lui et Jean, au mois de janvier 1193, par lequel celui-ci s’obligeait à entretenir à ses frais dans le château onze chevaliers et cent-quarante écuyers.

Malgré d’innombrables difficultés et les intrigues de Philippe, Richard finit par s’échapper. Le roi de France écrivit alors à Jean, son allié du moment : « Prenez garde à vous, comte ; le diable a brise sa chaîne. »

Richard en effet ne pensait qu’à la vengeance. Après avoir fait avec son frère une paix peu sincère, il tourna ses armes contre Philippe. En 1194 il vint assiéger