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maux de la guerre. Henry II, soit remords, soit calcul, venait de faire une pénitence publique en expiation du meurtre déjà ancien de Thomas Becket, archevêque de Cantorbery ; de tous côtés il fondait dans cette intention des couvents largement dotés. La chartreuse du Liget, située au milieu de la forêt de Loches, n’a pas d’autre origine (1178).

Ces marques tardives de piété et de repentir étaient-elles un moyen d’attirer à lui le clergé, ou le signe du découragement et du chagrin profond que lui causaient la révolte et l’ingratitude de ses fils ? Henry et Geoffroy étaient morts, mais Richard était toujours à la cour de France, et sous prétexte que son père ne voulait point lui rendre sa femme, princesse française que le vieux roi gardait en Angleterre, il attaquait l’Anjou et la Touraine. En 1189 Richard et Philippe-Auguste en personne venaient investir le château de Loches, et s’en emparaient après une semaine de siège.

Henry vaincu et découragé dut faire sa soumission au roi de France, et renoncer à toute souveraineté sur le Berry, le Maine et la Touraine. Il était à Chinon quand on lui donna lecture du traité qui consacrait sa défaite. Lorsqu’on en vint aux articles qui stipulaient l’amnistie pour tous ceux qui avaient pris le parti de Richard, et qu’il entendit prononcer le nom de Jean, son plus jeune fils et son préféré, qu’il avait toujours cru fidèle : « Est-ce bien vrai, dit-il, que Jean, mon cœur, mon fils de prédilection, celui que j’aimais par-dessus les autres, et pour lequel je me suis attiré tous mes malheurs, s’est séparé de moi ? Eh bien, que tout aille maintenant comme il pourra ; je n’ai plus souci de moi ni du monde ! »

Quelques jours après il tomba malade au château de Chinon ; son cœur ulcéré ne pouvait pardonner à ses enfants : — « Veuille Dieu, disait-il, en pensant à Richard, que je ne meure pas avant de m’être vengé de toi. » Il expira le