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révolté contre eux, s’emparent du château de Loches, faisant alors partie du domaine de leur ennemi, et le détruisent de fond en comble : « Lucca castellum diruunt alque funditus subvertunt. » (Frédégaire.) Cette destruction totale nous montre que le château d’alors devait être bâti en matériaux de peu de résistance. Il fut sans doute relevé peu de temps après ; nous le trouvons sorti de ses ruines en 840 lorsque Charles le Chauve en fit don à un homme noble d’Orléans, nommé Adaland, pour résister aux incursions des Normands.

On sait que, pendant un siècle, ces pirates, venus du Danemark et de la Norwège, essayèrent de s’établir sur le sol français, et qu’enfin Charles le Simple, en 912, les mit, par le traité de Saint-Clair-Epte, en possession d’une des plus riches provinces du royaume, la Neustrie, qu’ils avaient déjà presque totalement conquise, et à laquelle ils donnèrent leur nom. Mais avant d’atteindre ce but, ils avaient périodiquement ravagé les côtes, remontant le cours des fleuves, tantôt la Seine, tantôt la Loire ou la Gironde, pillant les villes, les campagnes et les riches abbayes qu’ils trouvaient sur leur route. Leurs attaques cependant ne se bornaient pas, comme on pourrait le croire, aux rives des fleuves. Les fleuves et les rivières étaient pour eux des routes quand leurs barques pouvaient y voguer. Ils suivaient les vallées comme des chemins naturels, le long desquels ils trouvaient les églises et les villes qui leur fournissaient à la fois le butin et la subsistance. Mais les Normands n’étaient pas seulement des pillards ; ils étaient des conquérants, et sur tous les points où ils abordaient, ils essayaient de prendre pied. Ils avaient de la cavalerie, de l’infanterie[1], et

  1. Rollo, vir armis strenuus,… peditum multitudine, equestris ordinis copia, milite multiplici stipatus (Gestaa consulum Andegavorum, de Ingelgerio)